jeudi 1 novembre 2007

Dialoguons ensemble...

Donnant suite à mon premier billet publié hier, Daniel Lemire fait une analyse fort intéressante du problème de la définition du concept de communication, appliqué cette fois au domaine de la transmission ou de l'échange d'information au strict sens technique du terme, entre ordinateurs. Il en conclut fort pertinemment que l'on ne saurait y appliquer une définition de la communication que si le sujet qui surveille et teste les propriétés communicantes du système informatique, fait partie du système; c'est-à-dire que si le sujet, en tant que lui-même lieu de transit de bits d'information, est intégré au processus communicationnel ayant cours entre les machines.

Cela me semble juste mais uniquement à deux conditions: a) que le test auquel Daniel soumet le système vise, comme il l'entend par ailleurs, à vérifier l'efficience du mécanisme observé, auquel l'observateur est associé; 2) que l'on considère que l'évaluation soit pour ainsi dire "extra-systémique", c'est-à-dire que l'analyse de l'efficience ne soit pas réalisable à l'intérieur des paramètres retenus our les fins de l'évaluation. Le test de Daniel Lemire est ainsi un test de Turing augmenté d'une capacité cognitive qui n'est pas attribuable au système observé mais qui soit propre à l'observateur.

Ce système cognitif, ces habiletés représentationnelles dépassent la seule capacité inférentielle de l'application des règles de calcul du système informatique observé.

Bien entendu, l'on pourrait gérer cette observation en accouplant un système observateur automatique mais celui-ci n'aurait pas, dans l'ensemble du système d'observation ainsi monté, un statut différent de celui d'un sujet observateur tel que proposé par Daniel.

Or, il manquera toujours à ce méta-système observateur automatique les qualités représentationnelles du sujet humain.

Je sais que bien des chercheurs planchent sur l'idée selon laquelle la cognition humaine ne serait pas différente des règles computationnelles dont on instruit les systèmes automatiques. Ceci, cependant, devra faire l'objet d'autres discussions.

Personnellement, je suis plutôt de l'avis de John Searle, voire de celui du couple Churchland, à cet égard. Et ce, parce que je suis un matérialiste radical qui croit que la sémantisation de l'expérience échappe à toute computationnalité; qu'il faille distinguer entre un modèle formel, informationnel, etc., de la cognition et la réalité concrète de celle-ci.

Autre débat.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Nous sommes loin de la communication... mais je me dois de répondre ici...

Il n'y aucune trace de démonstration définitive que nous ne sommes pas dans une machine de Turing. D'ailleurs, le philosophe de l'Oxford University, Nick Bostrom en a fait sa marque de commerce, voir...


Are You Living in a Computer Simulation? by Nick Bostrom. July 2002.

En fait, Bostrom a dédié un site complet à cette idée (http://www.simulation-argument.com/).

Tu peux certainement postuler que le cerveau humain est capable de faire des choses qu'une machine de Turing ne serait faire, mais je te met au défi de rendre cette affirmation falsifiable.

Mon point de vue personnel est que nous ne sommes que des machines (web robots est l'expression choisie par Scott Adams) au sens de Turing. Évidemment, ça signifie que je ne crois pas au libre arbitre. (Si je suis bête et impoli, ne m'excusez pas, ce n'est pas ma faute.)

Quel est le rôle de l'informatique dans tout ça? Selon moi, l'informatique peut servir autant à mieux comprendre notre propre comportement, ce qui fut un échec total jusqu'à présent, mais aussi à nous donner les outils pour étendre et parfait notre propre intelligence. Ainsi, je ne dis pas complètement à la blague que le Web est une extension de mon cerveau. Tout ocmme le marteau est une extension de mon bras, le Web est une extension de mon cerveau.

Bref, pour moi, la question de savoir si la machine peut battre l'humain aux jeux de Go, dames ou échec, est sans objet. C'est comme de demander si une voiture peut aller plus vite qu'un humain: la réponse est négative si l'humain conduit la voiture en question. Ainsi, un logiciel et une machine externe peut me permettre de devenir un meilleur joueur d'échec, tout comme des espadrilles Nike peuvent me permettre de courrir 20% plus longtemps le matin en protégeant mes os des chocs.

Précisons que ce ne sont que des points de vue. On peut postuler ce qu'on veut en la matière et il est difficile de faire la part des choses. Est-ce que le cerveau est une machine de Turing? Tout ce que je sais est que nous ne disposons pas d'un test fiable nous permettant d'invalider cette supposition.

Anonyme a dit…

Pour en revenir à la communication... Voici mon point de vue:

1) L'humain n'est autre chose qu'une machine au sens de Turing (un web robot);

2) Avant même de définir la communication sociale entre les humains, il importe donc de définir, plus généralement, la communication entre les machines de Turing.


Il n'est pas important que tu acceptes cette approche et mes hypothèses, mais tu ne peux pas nier l'intérêt qu'il y a à mettre en relation la communication sociale, et la communication entre les machines.

On s'entend tous sur le fait que l'Internet permet la communication (entre elles) à des machines de partout dans le monde. Cette communication prend la forme d'un échange de bits. Elle est vérifiable dans la mesure où je suis moi-même une être qui peut communiquer des bits et que je puisse communiquer avec plusieurs de ces machines.


Est-ce que tu acceptes que je puisse "communiquer" avec une machine? Dans un sens qui ressemble beaucoup à la communication avec un autre humain?

Est-ce que tu acceptes que la communicatin avec un ensemble de machines (comme l'Internet) ressemble un peu à la communication dans un groupe social?